Christophe Clottes a été sélectionné pour la résidence EMA au lycée professionnel le Mont-Châtelet avec les élèves de la section ferronnerie d’art.
À son arrivée, Christophe Clottes s’immerge dans l’univers de la forge et du travail du feu.
Il en observe les gestes, les rythmes, attentif aux circuits que décrit l’acier: du feu à l’enclume, de l’enclume au feu et suit de près les transformations de la matière.
Dans les marges de ce cycle, entre les variations de températures et de lumières, s’accumulent des rebuts. Des matières résiduelles à priori insignifiantes, qui s’agglomèrent dans les recoins de l’atelier, sur les bords des machines et qui noircissent inlassablement les mains qui travaillent.
Suie, calamine, scories, limailles, charbon, éclats, chutes.
D’infimes matières sur lesquelles Christophe Clottes se penche. Il y a là, la possibilité d’un substrat à explorer. La forge et ses contours deviennent bientôt le lieu d’une archéologie et dessinent une constellation.
À partir de ces résidus, il débute une série de dessins aléatoires à l’enclume, percutant une pincée de poussières entre deux feuilles de papier. Comme pour garder une image, un instant dans le cycle, un rapport aux outils, à la matière, aux gestes.
Une autre matière émane de l’atelier (l’activité), l’enveloppe l’environne. Puissant, mélodique ou assourdissant, c’est tout un environnement sonore vrombissant que l’artiste choisit aussi d’observer comme un rebut, sensible et immatériel. Il s’agit d’écouter « …, le feu, l’air, le métal, le charbon, la frappe, l’eau, la poussière ».
À partir des rebuts et des chutes de métal, Christophe et les élèves prélèvent et élaborent des outils sonores, instruments résonnants, un ensemble d’idiophones* qu’ielles manipulent, oscillant entre recherche méthodique et improvisation bruitiste.
C’est tout un répertoire une variété de sons qui émergent. Amplifiés, enregistrés, ils constituent un ensemble de pistes que les élèves triturent, assemblent pour composer ou improviser.
Parallèlement, une structure se met en place, l’artiste et les élèves élaborent un dispositif qui rassemble les différents instruments idiophones*. Une sculpture sonore émerge, une installation à jouer à plusieurs, dans le but de produire des formes sonores lors d’une prochaine performance collective.
- Idiophone, du latin "idio " : « soi-même ». Nombre de ces instruments présentent une structure simple et c’est la totalité de l’instrument même qui vibre, qui produit le son.