"J’ai récupéré des draps qui appartenaient probablement aux familles des alentours de Cosne. Certains portent des initiales brodées d’autres des taches, ils sont tous tissés finement en lin et en coton, parfois reprisés. J’ai découpé des carrés dans chaque drap pour pouvoir dessiner dessus, les teindre et ensuite les assembler. Ma première journée à l’atelier a été consacrée à la confection d’une pâte de riz composées de plusieurs farines et dont la cuisson a duré 5h. Puis je suis allée explorer, j’ai trouvé des plantes au bord de la Loire, j’ai teint avec et j’ai conservé les bains de teintures pour les faire fermenter. La cuve d’indigo a été montée en même temps que le patchwork de tissus qui formait une mosaïque de blancs, elle a été isolée avec de laine de mouton. La taille des carrés a été déterminée en fonction de la taille de ma cuve et celle du patchwork en fonction de l’espace maximum de l’atelier. La cuve d’indigo demande une attention particulière car les bactéries qui permettent d’extraire le bleu des plantes ont besoin d’un milieu idéal pour se développer, j’ai pu dessiner sur le tissu le temps qu’elles se réveillent. La pâte de riz a un ph calculé pour ne pas perturber celui de la cuve et elle résiste à la température du bain d’indigo qui est à 35 degrés, ce qui permet d’obtenir un dessin en réserve. Le dessin est maintenant morcelé, prêt à être teint.” IP