Résidence EMA au Lycée professionnel des métiers François Mitterrand à Château-Chinon avec les élèves de la section bois.

röhrmeister

2022 - 2023

Ce projet a bénéficié du soutien de la DRAC Bourgogne Franche-Comté.

Cette résidence s’est composée autour de la réalisation d’objets techniques liés à l’histoire du matériau bois. Bien loin de chercher à aboutir à la finalité d’un objet donné, ou à la simple transmission d’un geste particulier, le projet s’est construit autour de la technique comme outil critique. En convoquant des exemples anciens, où l’utilisation des colles, clous et vis n’était que très rare et où la matière locale était souvent le seul biais de la construction, le travail s’est développé dans la réalisation de procédés aujourd’hui disparus, tant les à-cotés de la mise en œuvre du bois ont remplacé la pleine maîtrise du matériau. Contraindre à l’utilisation unique du bois revient à envisager le large prisme des ses possibilités matérielles.

En allemand, on appelait röhrmeister littéralement maître du tube le fabricant de tuyau.

Tous les objets ont été réalisés par les élèves de la sections Arts du bois du Lycée Francois Mitterrand de Château Chinon.

Première semaine
Le tuyau en bois a constitué l’élément de recherche central de ce début de résidence. Après une présentation d’illustrations anciennes témoignant, soit de son existence, soit de la manière de percer les troncs, comme dans le livre Architecture hydraulique de 1737. Après une présentation du style littéraire des ouvrages sur les arts et métiers du XVIIIe siècle, les groupes d’élèves ont rédigé une hypothèse du texte pouvant accompagner une planche à analyser, puis l’ont présentée avant de lire une partie du texte original du texte. Cette initiation à l’ingénierie d’il y trois siècles visait à mettre la forme technique, ses matérialités et ses sources d’énergie dans la perspective de notre époque afin d’entamer une recherche autour de la place du bois dans l’histoire de la technique.

De gauche à droite : détail d'assemblage d'un tuyau en bois ; la poignée d'une pompe sur le tour ; pommeau d'arrosoir.

Les jours suivants, les élèves ont conçu et réalisé des prototypes seulement composés de bois massif et répondant à des enjeux différents mais toujours liés à la gestion de l’eau dans l’objectif de les mettre bout-à-bout. Récupérer, stocker, transporter, pomper, distribuer ou arroser, l’ensemble des objets ont été assemblés collectivement pour tester leurs performances.

Assemblage des prototypes de la première semaine.

Deuxième semaine
La mise en question du matériau bois comme élément de stockage de l’eau a mené, la première semaine, à la forme du tonneau. La deuxième semaine, le groupe s’est concentré sur la réalisation de cerclage en matériaux naturels. À partir de tiges d’ortie, préalablement rouies (le terme technique désignant la macération qui facilite l’extraction de la fibre) et séchées, le groupe a réalisé toutes les étapes nécessaire à la fabrication d’une corde destinée à cercler le tonneau. En parallèle, les élèves ont réalisé des fendoirs à ortie et des fuseaux pour le filage, ainsi qu’une tentative de cerclage tout bois.

De la tige d'ortie à la cordelette.
Approche du cerclage tout bois.

Troisième semaine
La mise en place d’un atelier de métal a permis une recherche sur la manière de produire une tarière à tuyau de bois, soit par découpage et soudure d’un tube en acier, soit par emboutissage. Le metal occupant une place primordiale dans le travail du bois, savoir le travailler est primordial lorsque l’on ne trouve pas l’outil adapté. Des manches de tarière et un support de visée réglable ont également été réalisés.

En haut : la tarière. En bas de gauche à droite : la pige de visée ; la lame de tarrière en cours de fabrication ; un emboutissage.

Dernière semaine
La résidence s’est conclue en effectif réduit et dehors. Nous avons fabriqué un aqueduc, non pas en bois, mais fait d’un assemblage d’une plante trouvée sur le terrain du lycée : la renouée du Japon. Nous avons d’abord récolté les tiges sèches dans le massif avant de réaliser des prototypes, des assemblages et des tuyaux. Cette étape nous a permis de découvrir le matériaux et d’établir un langage constructif propre à cette plante. L’installation s’est développée dans la pente jouxtant la zone de récolte. Les multiples dysfonctionnements croissants de cette installation légère nous ont permis de questionner les choix de mise en œuvre tout en développant une connaissance accrue des capacités de cette plante invasive pour construire. C’est une plante fragile mais donc la structure creuse et cloisonnée offre de nombreuses possibilités.

En haut : l'aqueduc. En bas de gauche à droite : le bosquet de renouée du Japon ; un test de vannerie ; un détail d'assemblage.
Toutes les photos ci-dessus ont été réalisées par Matthieu Molet.